Face à la mondialisation, la concurrence est un enjeu crucial pour le développement économique des entreprises. Toutefois, certaines d’entre elles sont tentées de contourner les règles du jeu en mettant en place des pratiques anti-concurrentielles. Cet article vous propose de comprendre les enjeux et les conséquences de ces agissements, ainsi que les moyens de lutte mis en place par les autorités.
1. Qu’est-ce qu’une pratique anti-concurrentielle ?
Une pratique anti-concurrentielle est une action menée par une entreprise ou un groupe d’entreprises visant à fausser le jeu de la concurrence sur un marché. En d’autres termes, il s’agit de pratiques qui ont pour but de limiter ou d’éliminer la concurrence entre les acteurs économiques, au détriment des autres entreprises et des consommateurs.
Il existe deux grands types de pratiques anti-concurrentielles :
- Les ententes, qui sont des accords secrets entre plusieurs entreprises pour fixer des prix, partager des marchés ou limiter la production. Les ententes peuvent être horizontales (entre concurrents) ou verticales (entre fournisseurs et distributeurs).
- L’abus de position dominante, qui consiste pour une entreprise à exploiter sa puissance sur le marché pour évincer ses concurrents ou imposer des conditions déloyales à ses partenaires commerciaux. Cela peut passer par des pratiques telles que la vente à perte, le refus de vendre ou le rachat abusif d’un concurrent.
2. Quels sont les enjeux et les conséquences des pratiques anti-concurrentielles ?
Les pratiques anti-concurrentielles ont des conséquences néfastes sur l’économie et les consommateurs. En effet, elles entravent le bon fonctionnement du marché en réduisant la diversité de l’offre et en diminuant l’incitation à innover pour les entreprises. Les consommateurs sont également lésés car ces pratiques engendrent une hausse des prix et une baisse de la qualité des produits et services proposés.
De plus, les entreprises qui se livrent à ces agissements s’exposent à de lourdes sanctions, tant au niveau national qu’international. Les autorités chargées de la concurrence peuvent infliger des amendes pouvant atteindre plusieurs millions d’euros, voire ordonner la dissolution ou la scission d’une entreprise fautive.
3. Comment lutter contre les pratiques anti-concurrentielles ?
La lutte contre les pratiques anti-concurrentielles repose avant tout sur le travail des autorités de la concurrence. Ces dernières ont pour mission de veiller au respect des règles du jeu économique et d’intervenir en cas de manquement. Pour ce faire, elles disposent de plusieurs leviers :
- L’enquête, qui permet de rassembler des preuves sur les agissements d’une entreprise suspectée de pratiques anti-concurrentielles. Les autorités peuvent ainsi mener des perquisitions, saisir des documents ou interroger des témoins.
- La sanction, qui consiste à infliger une amende ou une autre mesure coercitive à l’encontre de l’entreprise fautive. Cette sanction peut également s’étendre aux dirigeants responsables de ces agissements.
- La prévention, grâce à la diffusion d’informations et la sensibilisation des entreprises aux enjeux de la concurrence. Les autorités peuvent également édicter des recommandations pour encourager les bonnes pratiques sur le marché.
Par ailleurs, les entreprises ont elles-mêmes un rôle à jouer dans la lutte contre les pratiques anti-concurrentielles. Elles doivent veiller au respect des règles de concurrence au sein de leur organisation et mettre en place un programme de conformité adapté. Ce dernier peut comprendre :
- Une cartographie des risques liés à la concurrence
- La formation et la sensibilisation du personnel aux enjeux de la concurrence
- La mise en place de procédures internes pour prévenir et détecter d’éventuelles violations
- Le recours à un conseil juridique externe pour accompagner l’entreprise dans sa démarche de conformité
4. Exemples et données chiffrées
Parmi les affaires emblématiques de pratiques anti-concurrentielles, on peut citer :
- Le cartel des camions, qui a vu plusieurs constructeurs européens s’entendre sur les prix et les technologies de réduction des émissions polluantes entre 1997 et 2011. Cette affaire a donné lieu à des amendes record de près de 4 milliards d’euros infligées par la Commission européenne en 2016.
- L’affaire Google Shopping, dans laquelle le géant américain a été accusé d’abus de position dominante pour avoir favorisé son propre comparateur de prix au détriment de ceux de ses concurrents. Google a été condamné à une amende de 2,42 milliards d’euros en 2017.
En France, l’Autorité de la concurrence a prononcé en 2020 un total de 1,2 milliard d’euros d’amendes pour des pratiques anti-concurrentielles. Parmi les entreprises sanctionnées figurent notamment Apple (pour un montant record de 1,1 milliard d’euros) et plusieurs distributeurs comme Carrefour ou Système U.
Les pratiques anti-concurrentielles constituent un véritable fléau pour l’économie et les consommateurs. Il est donc essentiel que les entreprises prennent conscience des enjeux qu’elles représentent et mettent tout en œuvre pour les prévenir et les combattre. Les autorités de la concurrence ont également un rôle crucial à jouer dans la régulation du marché et la sanction des comportements fautifs.
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